La météo de ce printemps a inquiété notre équipe quant à la survie des jeunes chauves-souris du canton. En effet, ces insectivores chassant en vol ont grand peine à se nourrir lors de pluies prolongées, et il est d’autant plus difficile de produire du lait dans ces conditions. Assez vite, les contrôles de colonies de Grands Murins ont confirmés nos craintes, une mortalité importante des jeunes ayant été constatée. Par la suite, nous avons reçu de nombreux appels concernant des juvéniles trouvés au sol à proximité de colonies, jusqu’à 7 pour une seule colonie dans le pire des cas qui nous soit parvenu.

Le phénomène a été inhabituellement important, au point que la presse le relaye. Bien que nous recommandions toujours de porter des gants pour manipuler des chauves-souris, nous déplorons que les journaux aient incité à leur crainte en invoquant injustement le coronavirus. Alors que ce phénomène de juvéniles en détresse aurait pu grappiller un peu de sympathie pour ces animaux méconnus et de fait encore souvent mal-aimés, ces incitations à la crainte entravent quelque peu ce potentiel.

Ces nombreuses trouvailles de petites chauves-souris ont provoqué un coup de stress aux stations de soins pour animaux sauvages, qui ont été très sollicitées. Notre équipe a ainsi décidé de mettre la main à la pâte. Nous avons urgemment lu de la littérature dédiée, et profité de l’expérience des stations de soins locales et moins locales.

Les plus jeunes sont nourries avec du substitut de lait pour chiots ou chatons.

Deux petites pipistrelles

Quand ces jeunes atteignent une taille « ado », ou s’ils avaient déjà presque atteint leur taille adulte au moment de leur découverte, ils sont nourris avec des vers de farine ou des teignes de la cire. Tous reçoivent hebdomadairement des vitamines pour reptiles, savamment diluée en fonction de leur poids.

Le nourrissage des chauves-souris demande beaucoup de présence puisqu’un bébé doit être nourri environ toutes les 4 heures en journée. Cette tâche est délicate, pas facile de donner à boire à un animal d’un gramme et demie ! De plus, des bains leur sont occasionnellement administrés pour substituer au toilettage de la mère.  Une attention particulière est également requise pour de nombreux paramètres tels que la température et l’hygrométrie des vivariums, l’état de la peau ou du pelage, l’observation du comportement de toilettage, etc.

Lorsqu’elles sont suffisamment grandes et qu’elles montrent des envies de voleter, on teste leurs capacités aériennes en sécurité en intérieur. Elles seront relâchées sur le lieu de leur trouvaille aussitôt qu’elles passent leur examen de vol.

Cette jeune Sérotine commune a fait quelques allers-retours entre un t-shirt et un rideau, et sera relâchée quand elle se sera un peu plus exercée

A noter

Lors d’une trouvaille de jeune chauve-souris, en temps normal (météorologiquement parlant), la première étape est d’essayer de le restituer à sa mère. Pour rappel, il faut toujours employer des gants lorsqu’on manipule une chauve-souris.

    • le remettre dans la colonie quand c’est possible, ou
    • le placer dans un carton avec un chiffon humide (limite la déshydratation) pour la journée, et lui préparer une zone d’atterrissage pour la nuit, au moyen d’un petit montage rapide qui permet à la mère de se poser et de repartir, sans que le petit puisse s’en aller. Ce dispositif « verre chaussette saladier » est illustré dans cette page téléchargeable en allemand.

Si vous trouvez une chauve-souris, vous pouvez nous appeler (0786790339, d’autres numéros sont indiqués dans le répondeur de celui-ci), nous écrire, ou téléphoner au zoo du Bois du Petit Château à la Chaux-de-Fonds.

Ci-dessous une petite vidéo publiée par la station de soins de Zürich: