C’est le moment de recenser les chauves-souris en hibernation. Certaines sont bien cachées dans les arbres creux, les fissures en falaise, ou les endroits insondables des grottes. Mais quelques espèces sont plutôt adeptes de se suspendre bien en vue le long des parois et plafonds des grottes. La grotte de Réclère est le site du Jura dans lequel on peut observer le plus grand nombre de nos protégées en hiver, avec une centaine d’animaux à chaque mauvaise saison. La grotte est fermée aux visites en hiver, une exception est faite pour le recensement annuel des chiroptères. Merci à Éric Gigandet des grottes pour son accueil !

Sur place, notre chiroptéro-cartographe préféré situe chaque chauve-souris sur un plan détaillé des grottes : une tâche pas facile dans une grotte aussi vaste, d’autant plus qu’il doit gérer l’afflux d’informations.

Un Grand murin entre des draperies (Photo Gauvain Saucy)

La photo est de 2017 (Théophile Bloudanis). On vous a bien eu·es

Des jumelles, une lampe, et ne pas trembler. Diverses méthodes s’offrent à nous (Photo Gauvain Saucy)

Nous éclairons tous les recoins possibles, et déterminons les animaux à l’espèce ou au groupe d’espèce quand cela est possible. Un bon éclairage et des jumelles aident à la tâche, et il faut parfois quelques contorsions pour trouver le bon angle permettant de voir la couleur d’un museau ou du ventre.

130 chauves-souris ont été recensées à cette occasion, ce qui est le record absolu depuis le début des comptages. Le précédent record plafonnait à 104. Les espèces dont la détermination est la plus fiable sont les deux Rhinolophes, emballés dans leurs ailes. Leurs statuts Liste Rouge indiquent qu’ils sont les deux menacés d’extinction, et leur population hivernale qui augmente à Réclère est d’autant plus réjouissante.

Grands rhinolophes, reconnaissables à leurs ailes autour du corps et leur grande taille (photos Gauvain Saucy)

25 grands rhinolophes étaient présents, un record. Nous ignorons où ils se trouvent en été.

5 petits rhinolophes ont été observés également, et même si ce nombre peut paraître petit, pour cette espèce c’est une excellente nouvelle. Le nombre de cinq avait déjà été atteint en 2019, année où d’ailleurs de la reproduction de l’espèce a été observée non loin pour la première fois (cinq adultes et deux jeunes). L’augmentation de la fréquentation de ce gîte estival et sa promotion en gîte de reproduction est très probablement la cause de l’augmentation du nombre de Petits rhinolophes dans la grotte en hiver. Jusqu’à 2018, leur comptage dans la grotte oscillait entre zéro et deux…

Un Murin à oreilles échancrées, autre espèce affectionnant cette grotte. En langage peu scientifique : une boule rousse laineuse et mal peignée (Photo Gauvain Saucy)

Un bref spéléo-secours a eu lieu pour cette jeune grenouille rousse tombée dans la grotte, elle est amaigrie mais a pu reprendre sa liberté (Photo Gauvain Saucy)

Quelques minutes de ce reportage de la RTS permettent une visite virtuelle de la grotte, et d’apercevoir quelques chauves-souris (de la neuvième minute à la treizième minute environ).